Étienne Meloni
Entrepreneur et dirigeant chrétien
Aumonier
Le pénitent
Chapelle St Antoine
Ma chapelle
Mes lieux de culte
Autres lieux de culte autour de moi
Le couvent de Corbara
Le couvent de Vico
Le Couvent de Lavasina
Le Couvent de St Antoine
Franc-maçonnerie
Loka Alta Rocca
Mosquée de Bastia
Témoins de Jéhovah
Temple israëlite Bastia
Temple protestant
Le tour de moi
« Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait 1 seul fois le tour de lui-même »
Gandhi
Qui suis-je ?
Je suis né en 1961, dans un petit village du cap Corse, de famille très modeste.
Depuis ma plus tendre enfance, je me suis toujours demander pourquoi j’étais né la !
Je savais que mon destin me mènerait ailleurs. J’en visualisais déjà la route et même les destinations successives.
Challenger éclectique et engagé depuis fort longtemps. J’ai fait mes valises à 15 ans et suis partis à la rencontre de mon histoire et de mon destin.
(Voir, biographie de l’auteur sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Ed. BOD / www.meloni.tv).
Partis donc de bien loin, avec la motivation, la foi, la confiance et l’espérance, pour d’aller encore plus loin.
Le tour de moi a été possible, car j’ai commencé par le tour du monde du travail, de l’entreprise, dans divers secteurs et divers pays. Plutôt créateur que cultivateur, j’ai entrepris dans beaucoup de secteur, avec des fortunes diverses. J’ai parfois gagné, parfois perdu, mais j’ai en tout cas retenu les leçons du business, des hommes et de la vie.
J’ai continué le tour moi, par les challenges sportifs, inédits, insolites, qui mon fait repousser mes limites. Sur les routes, sur les chemins, dans les montagnes ou sur les mers de la planète. J’ai appris l’humilité face à la puissance de la nature et à la folie de l’égo des hommes.
J’ai continué le tour de moi, sur les pentes de l’Everest, avec la rencontre de mon Dieu, qui m’a sauvé. Il m’a fallu appréhender mes limites finales, les plus lointaines contrées de la planète et entrevoir la fin de mon histoire personnelle, pour comprendre que l’essentiel était niché au plus près et au plus profond de moi.
Cela m’a permis une profonde remise question, avec le passage par la case « nuit spirituel de l’âme » qui a générer des voyages intérieurs et des souffrances de tous ordres. Puis est venue l’écriture de plusieurs livres, des enseignements, des témoignages, des formations spécifiques, des retraites de divers ordres, qui ont continué le travail.
Les épreuves de la vie mais surtout leurs acceptations, ont contribué à ce merveilleux voyage autour de moi, qui n’est évidemment pas encore terminé.
A présent, pour faire ce tour du monde, de la foi, des croyances et des religions, je voyage en même temps entre les fondamentaux communs à tous les hommes et bien sûr, entres mes fondamentaux qui font sens. L’homme peut survivre à tous, sauf au manque de sens.
Je recherche donc avec intuition et sensation, l’inaccessible équilibre durable, l’harmonie et l’équanimité de mon être, au travers la vie, au travers de ma vie.
En souhaitant que cela me donnera le plus longtemps possible, la santé du corps, de mon mental et de mon âme, afin de cheminer encore et encore, car l’homme n’est plus, quand il n’a pas d’objectif ou quand il les atteints.
Je pourrais peut-être alors et encore témoigner objectivement et en toute humilité, vous partager mes expériences, les faires évoluer avec les vôtres. Progresser, inlassablement sur le chemin de l’ignorance vers la connaissance et celui de la peur à la confiance, qui nous mènerons je le souhaite vers l’amour et le pardon.
Parfois, mon égo et mes démons me rattrape, je le sais à présent, je suis donc vigilant et comme au premier jour, j’ai confiance, foi et espérance. Et même si l’existence a été parfois difficile, la vie est surtout belle.
Bon voyage, allez en Paix et si vous avez un Dieu, qu’il vous bénisse.
Etienne Meloni
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Entrepreneur et Dirigeant Chrétiens
« Prends garde, ô voyageur, la route aussi marche »
Rainer Maria Rilke
De retour à Bastia et une fois mes affaires professionnelles et familiales mise à jour (si je puis dire… et comme d’habitude…) J’avais une réunion prévue avec les EDC (Entrepreneurs et dirigeants chrétiens), une association de 3000 membres représentée en France depuis 100 ans et qui n’avait pas de représentation en Haute Corse.
Sollicité par le Président de la Corse du Sud afin de constituer une structure départementale en Haute Corse dont le siège se situerait au Couvent de Saint Antoine, je ne pouvais refuser.
Les EDC, sont des structures œcuméniques regroupant des entrepreneurs ayant une fibre bienveillante, humaine avec notion du bien commun en entreprise. Des entreprises à réalités économiques certes, mais dont le profit à tout prix et débridé n’est surtout pas une priorité.
Vaste programme, noble mission, certes très complexe, qui me permettais néanmoins de commencer à fédérer quelques amis entrepreneurs capables de se regrouper sous cette complexe bannière, où doivent cohabiter le business, le modèle économique, le partage, le don, la formation, la prière et la religion.
Je réussissais malgré ces tendances antinomiques mais aussi surtout chronophage à réunir une dizaine d’entreprises, chaque mois au couvent Saint Antoine afin de prendre en compte les problématiques humaines dans l’entreprise et surtout de faire prendre conscience que la foi est une également une force fédératrice dans le monde pragmatique des entrepreneurs et que la relation entre, fournisseurs, salariés et clients, ne doit plus être basé sur la pression mais sur la confiance.
Une mission et des réunions pas toujours simples, mais qui j’en suis certain, n’ont pas été des prêches dans le désert. Ces réunions devaient, selon le protocole national, toujours être encadrées par un référent spirituel. A Bastia c’était le père François Dominique, qui présidait à cette belle tâche qui devait avant chaque débat, nous intérioriser, donc « nous apaiser « par un instant de prière.
Ci-dessous une des actions principales que nous avons mis en œuvre afin de déceler et agir sur les problématiques de la gestion humaine (et non ressources humaines, car l’homme n’est pas une ressource) quotidienne dans l’entreprise, ainsi que sur les difficiles et méconnus problèmes de transmission ou cessation d’activité.
Les EDC en Corse ont pris progressivement de l’ampleur sous la houlette de Dominique, président du secteur d’Ajaccio et de Sylvie présidente du secteur de Porto Vecchio. Nous avons organisé des des assises régionales au couvent de Corbara, qui regroupèrent plusieurs région PACA et une centaine de personnes.
J’ai exercé la fonction de Président des EDC de la Haute Corse pendant 5 ans, avant de céder, le flambeau à Walter, un ami de longue date, afin qu’il continue l’œuvre et me permette de continuer la mienne sous d’autres cieux et d’autres hospices…
Chers amis, chers frères,
Te poses-tu ces questions ?
- En tant que Dirigeant Chrétien as-tu quelqu’un à qui te confier en vérité ? À quelqu’un de bienveillant ?
- Est-ce que le sens de ta vie correspond au sens de ton entreprise ?N’es-tu pas à bout de souffle parfois ?
- As-tu le sentiment d’être dépassé ?
- Es-tu toujours à l’aise et en phase avec tes employés ?
- As-tu toutes les cartes en main pour réussir ? la vie de ton entreprise ? Ta vie ? En es-tu sur objectivement, sincèrement, en vérité ?
- As-tu déterminé tes réelles priorités dans ta vie ? Ton temps est-il réparti en fonction de tes priorités ?
- Que deviendrait ton entreprise en ton absence pour diverses raisons ?
- As-tu planifié ta succession ? Quels en sont les obstacles ? Sais-tu qui pourrait t’aider avec bienveillance et confiance ?
- Connais-tu les EDC ?
Avec bienveillance je te propose les réponses suivantes :
- Les EDC c’est une association Chrétienne qui regroupe plus de 3000 chefs d’entreprises (de toutes les tailles) depuis 94 ans !
- Je connais une équipe de dirigeants Chrétiens en Corse qui se pose les mêmes questions que toi et qui pourrait t’aider, ce n’est pas une grâce de Dieu ça ?
- Je te propose que l’on en parle individuellement ou lors d’une réunion de partage où l’on s’écoute et on s’entraide à la lumière de l’évangile, sous le regard éclairé d’un conseiller spirituel.
- Dans nos équipes il y a des chefs d’entreprise de différents domaines qui pourront t’aider, il y en a d’autres qui ont passé le cap de la transmission par succession et qui ont réussi à ne pas être indispensable.
- « Aide toi et le ciel t’aidera «, à la lumière des évangiles, Jésus utilise tout cela pour te montrer sa présence, réponds à son appel, viens et tu verras !
EDC Corsica une équipe bienveillante pour s’entraider !
Contact :
Etienne MELONI : Président EDC Haute Corse 0682679868
Dominique VASCHALDE : Président EDC Ajaccio 0781678707
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Témoignage
Bastia Aumônier
Je n’étais pas encore de retour à Bastia qu’un autre programme m’attendait, car au-delà de la gestion des affaires courantes qui ne manquaient jamais, je devais reprendre l’avion pour me rendre à la réunion régionale annuelle des aumôniers à Notre Dame du Laus à Gap dans les Hautes Alpes. J’avais entamé depuis deux ans une formation, pour devenir aumônier. Je n’avais pas choisi là aussi la facilité car je m’étais dirigé vers l’aumônerie en milieu carcéral.
J’étais sous le contrôle de l’Aumonier Diocésain d’Ajaccio Patrick Vincensini, et du père Jean Marie Precetti de la paroisse de Lucciana. Je voudrais vous expliquer ce qu’est un aumônier, car depuis lors, les gens m’ont mis dans toutes les cases : de curé à diacre, de moine à missionnaire…
Un aumônier peut être un ecclésiastique (membre de l’église) ou pas, il peut être catholique, musulman, protestant etc… Il a comme mission l’enseignement de sa religion dans un milieu clos (armée, hôpitaux, pensionnat et prisons). J’avais donc choisi le milieu carcéral et au terme, entre autres, d’une enquête administrative j’avais obtenu mon agrément. Par conséquent je me rendais tous les jeudis au Centre Pénitentiaire de Borgo, pour enseigner, à qui le souhaitait les bienfaits de la foi, de la spiritualité, et de la pratique religieuse dans cet univers difficile et compliqué.
Les aumôniers sont généralement bien vus et bien accueillis par l’Administration Pénitentiaire car ils jouent un rôle important comme médiateur, psychologue. Ils apaisent et apaisent souvent des détenus à crans dans ce milieu hostile. Les aumôniers sont également bien vus par les détenus, car au-delà de leurs missions bienveillantes, ils ne jugent aucunement ces prisonniers qui sont sans cesse jugés, par les tribunaux bien sûr, mais également, par leur famille, la société etc…
Alors dans nos interventions il est interdit de demander pourquoi et comment ils en sont arrivés là. Et cela change tout. Evidemment, au bout d’un certain temps quand la confiance s’installe ils parlent et nous les écoutons sans juger. Nos interventions peuvent être individuelles dans leurs cellules ou en petit groupe. Il y est célébré les messes et divers offices de l’année liturgique.
Alors si souvent je me suis dit que vas-tu faire dans une prison, un milieu carcéral compliqué, un monde dans le monde, où d’autres lois sont appliquées, les bonnes et les moins bonnes. Pourquoi t’imposer, bien sûr bénévolement, une telle charge ? La question je me la posais tous les jeudis matin quand je sonnais à la lourde porte du Centre de Détention de Borgo, quand je passais les différents sas de contrôle. La réponse je l’avais chaque fois que je faisais le chemin inverse pour en sortir… Les détenus me donnaient autant (si non plus) que je leur apportais.
Evangile selon St Mathieu 25-36 « J’étais nu et vous m’avez donné des vêtements, J’étais malade et vous m’avez visité, j’étais en prison et vous êtes venu me voir «.
Je l’ai compris bien plus tard, quand je vais en prison je vois Jésus ! Et cela aussi pour le comprendre à travers ces quelques lignes est, je vous l’accorde, bien difficile et pourtant …
Je partais à l’aéroport de Poretta pour Marseille où m’attendaient Patrick Vincensini et Alain Rousseau, également aumôniers et qui étaient en formation pour devenir Diacres. La formation d’aumônier dure une année, on doit également tous les ans faire une formation au sein de l’Administration Pénitentiaire, puis pour clôturer le cursus par un D.U (diplôme Universitaire) en Laïcité.
L’Administration Pénitentiaire avec l’aumônerie Française est en train de faire évoluer ce statut qui date du XIXème siècle afin de former des aumôniers religieux ou laïques, des aumôniers de Justice. Pour information je vous cite une brève évolution du système carcéral et pénitentiaire Français.
Tout d’abord et à ce jour nous avons en France près de 87 000 détenus (90% sont des hommes), pour 80 000 places. Ces chiffres évoluent mais restent cependant dans cet ordre de grandeur.
La France est en Europe en tête du nombre de personnes détenues. Avant les Centres Pénitentiaires et les Centrales au 19ème siècle, il y avait les galères sans retour possible, puis les bagnes comme Cayenne d’où parfois on pouvait s’évader. Les enfants adolescents étaient également emprisonnés et mis aux travaux forcés.
Le système carcéral est complexe, je n’envie pas le métier de juge ou de magistrat qui peuvent priver de liberté ou pas des hommes et des femmes qui le méritent, mais sûrement pas tous et tout le temps. Au Centre Pénitentiaire de Borgo le quartier des femmes et des adolescents est aussi prégnant et les intervenants extérieurs, enseignants, psychologues professeurs de méditation yoga etc… œuvrent avec nous afin d’adoucir et humaniser le système.
L’administration Pénitentiaire est d’ailleurs très reconnaissante de nos interventions de bénévoles car elle en mesure les effets bénéfiques sur les détenus et restreint un temps soit peut la prise de médicaments et autre drogue qui circulent abondamment. La récidive est malheureusement très fréquente et pénalise plus lourdement. On retrouve également dans la population carcérale une forte majorité d’indigents et une forte majorité d’étrangers. En Corse au Centre de Détention de Borgo, il y a également des prisonniers politiques.
Sur la route de Notre Dame du Laus, nous refaisions le monde avec mes Patrick et Alain en donnant du sens à notre mission individuelle, une goutte d’eau dans un océan, mais tel le colibri qui veut éteindre un feu avec quelques gouttes d’eau, on essaye et surtout nous étions investis pour notre mission personnelle.
Arrivé dans l’ancien séminaire de Notre Dame du Laus, j’y retrouvais plusieurs dizaines d’aumôniers en formation, Je n’appréciais pas trop ces grandes réunions mais elles étaient nécessaires pour les mises à jour et les rencontres ou chacun témoigne de ses expériences et de son vécu dans le difficile et complexe monde carcéral.
Après deux jours de formation, comptes rendus et autres analyses, je pouvais heureusement profiter du sacré des lieux, dans la magnifique église Notre Dame du Laus, où dans une crypte, au pied de la vierge, une huile aux bienfaits thérapeutiques était distribuée aux fervents croyants. J’en prenais alors quelques gouttes que je mettais dans mes oreilles. Comme disait mon père « Malè un ti ferà » « Cela ne te feras pas du mal «.
L’heure du retour avait déjà sonné, je pouvais néanmoins, faire mon classique petit footing, sur les nombreux et beaux chemins de randonnée des hautes Alpes, cependant cette fois je n’étais pas seul, mais accompagné par un moine Dominicain, sportif et ancien rugbyman qui avait, le temps d’un footing, échangé sa soutane blanche contre un short et un tee shirt… Le sport est également un puissant fédérateur.
Témoignage
Saint Jean Bastia, le pénitent
« Le feu qui m’anime est aussi celui qui me consume
Etienne de la Boétie
Dans mon parcours que je nomme la découverte de mon chemin de foi, un autre passage important et « obligé » allait être celui du Pénitent. Tradition puissante en Corse, ou le vendredi Saint avant paques, un homme refait le chemin que Jésus a parcouru durant les heures qui ont précédé sa mort, la via Dolorosa, le chemin de croix.
Le Catenacciu, à Sartène (Corse du Sud) est la plus ancienne et poignante cérémonie religieuse de l’île. Cette tradition est aussi ancrée en Haute Corse comme la « Cerca » à Brando, mais également à Bastia.
Le chemin de croix à Bastia se déroule en l’église Saint Jean située sur place du marché.
J’avais toujours entendu dire, que pour demander à être pénitent la liste d’attente était importante, pour avoir le « privilège » de souffrir durant des heures pieds nu en arpentant les ruelles de la ville. J’ai toujours été fasciné depuis ma tendre enfance par cette manifestation médiatisée en Corse. J’ai toujours regardé les reportages télé, lus les commentaires, écouté les chansons traditionnelles qui accompagnent ce chemin de croix, sans pour autant savoir qu’un jour je m’inscrirais sur la liste des postulants du porte croix pénitent lors du Vendredi Saint.
Et oui, je sais à présent, en tout cas j’en suis persuadé, que le destin a distribué nos cartes du jeu de la vie à la naissance et que chaque jour nous jouons la partie. Certes le libre arbitre est là, mais il fait partie des cartes en main. Je fais souvent référence au GPS qui nous donne la route pour notre destination finale, car parfois nous nous trompons de route, passons par des chemins de traverse, alors le GPS recalcule et nous mets à nouveau sur la direction de notre destination finale.
GPS, ou pas je me suis trouvé un jour devant le curé de la paroisse Saint Jean, le père Casanova. Il me confirmait effectivement l’existence d’une liste d’attente.
Pour endosser le temps de quelques heures, l’habit du Christ sur le Chemin de Croix valaient deux ans d’attente et de réflexion pour un acte fort qui a éveillé en moi tant de choses durant toute cette attente.
La puissance et la réalisation de cette démarche m’avaient fait prendre conscience de notre petitesse et de notre fragilité, inversement proportionnelle à ce que notre société veut nous faire intégrer.
La confrérie Saint Charles de Bastia, et Roger, qui était mon Simon de Cyrène, m’avaient permis cette incarnation puissante. Ils me permettaient de mieux mesurer le sens de cette cérémonie, la solennité de ce moment en vivant à travers ma démarche ce chemin si douloureux que Dieu a vécu pour nous.
Le Chemin de Croix est la méditation de la Passion du Christ, le corps y est pleinement et douloureusement associé.
Jésus a dit : « celui qui veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » c’est lourd de sens mais j’ai fait ce chemin avec humilité, avec passion, et avec amour au point de ne plus être moi-même.
Le jeudi 13 avril, j’avais démarré en apothéose la fin de la semaine sainte. J’avais assisté en l’église notre Dame de Lourdes à la cérémonie du lavement des pieds, mon fils Evann y prenait part avec douze postulants sous les regards de sa maman Véronique en larmes.
Véronique a rejoint la maison de Dieu, par le baptême, à plus de quarante ans. Il n’y a pas d’âge et il n’est surtout jamais trop tard.
Après cette cérémonie, direction l’église du Sacré Cœur où avaient lieu les préparatifs pour le Vendredi Saint, puis dans la foulée direction Saint Antoine, pour le transfert de l’ostensoir vers la nef du reposoir.
Après les prières et le recueillement, je prenais la direction de l’église Saint Roch, pour la cérémonie des ténèbres qui symbolise la descente aux enfers de Jésus. Aucune lumière dans l’église, seules des bougies, douze cierges principaux positionnés en triangle sur l’autel finissant par être éteints, un par un, par des confrères de Saint Charles vêtus de blanc, c’étaient les ténèbres. Les chants, en Corse et en Latin, allaient crescendo, pour s’arrêter d’un coup et surprendre l’assemblée dans un silence assourdissant.
Le vendredi 14 Avril, après une heure de méditation matinale, un massage Ayurvédique, j’avais rendez-vous avec Nicolas, hypnothérapeute, devenu un confident et ” coach guide” comme l’avait souligné le diacre Pierre Jean.
A 19 heures, j’avais rendez-vous avec l’abbé Casanova, en présence du Diacre, de Nicolas et du prieur. J’avais un entretien avec l’Abbé pour qu’il comprenne mon choix, communier et tenter d’expier mes fautes.
Après une rapide descente au fond de moi – que j’avais anticipée et au-delà des péchés que nous devons plus ou moins commettre, je n’avais rien de lourd sur le cœur à me faire pardonner. L’abbé Casanova qui avait dû en voir d’autres, en termes de repenti et de pénitent, il me proposait d’aller plus loin. Je venais de comprendre que celui à qui j’avais fait le plus de mal c’était finalement moi !
Il est dit que le pire ennemi pour soi est soi-même, je me retrouvais face à la réalité, c’était une évidence, je n’avais jamais cessé de me maltraiter, je ne m’étais jamais écouté.
Un grand silence s’ensuivit, mon regard était dans le vide, quand soudain on tapait fortement à la porte. C’était l’heure, il fallait se dépêcher. Roger et le prieur me ramenaient au moment présent.
Au loin, sur la place du marché, les chants des confères de Saint Charles résonnaient, je savais qu’ils étaient en colonne et cagoulés. Dans un rituel parfaitement réglé et guidé par le maître de cérémonie ils se dirigeaient vers le parvis de la cathédrale Saint Jean.
Le prieur me prit par la main et me dirigeait vers une petite pièce. Au milieu un lit blanc sur lequel se trouvait l’habit rouge sang du pénitent soigneusement étalé ainsi qu’une grande cagoule pointue, des gants, un cordon et une lanière rouges.
J’entendais une voix assez autoritaire derrière moi m’intimant de m’habiller et de ne pas être en retard. Je me déshabillais totalement, mettait mes bouchons de protection dans les oreilles et enfilais la tunique d’un épais tissu rouge. La cagoule, percée de deux petits trous, assurait l’anonymat de mon regard.
Roger, habillé et cagoulé de blanc, coutumier du fait, me sentait troublé, il me rassurait en me disant qu’il serait toujours près de moi pour me guider.
A ce moment-là, je rentrais dans une bulle, un cocon protecteur matérialisé par l’habit. Seuls mes pieds étaient nus. Je m’étais préparé à ce moment où l’on est à la fois près et loin de tout, où l’on est étrangement seul et entouré. La préparation est une chose, le réel en est une autre.
Cela me ramenait le temps d’un instant dix ans en arrière, lors des départs de défis, ou malgré les émotions, malgré l’enjeu, malgré la préparation, tout se bouscule ; où l’on doit rester concentré et calme dans le moment présent.
On me prenait par la main, je descendais les escaliers au pas de course, puis une coursive, une pièce, encore un long couloir et je déboulais dans le cœur de la cathédrale Saint Jean, bruyante et pleine à craquer de centaines de fidèles qui attendaient ce moment.
Le silence fit place nette, d’un seul coup. Je le sentais malgré mes protections auditives.
Je m’entendis dire « à plat ventre au sol, bras en croix “.
J’étalais mon corps sur le sol glacé, les bras en croix, les jambes écartées, mon visage à terre, devant l’autel dans l’allée principale.
J’étais saisi, j’étais nu sous ma tenue, comme le Christ. L’habit rouge, symbolisait le sang versé, le don de soi.
Des murmures, le crépitement des flashs, je devinai toute l’agitation autour de moi. Ma respiration, malgré mon immobilité ne voulait pas se calmer, mon ventre poussait le sol. Il fallait m’apaiser, je mis instinctivement en pratique les techniques de méditation, concentré sur mon souffle, sur l’air frais qui entrait, l’air chaud qui en ressortait ; en pleine conscience du moment, rien que de ce moment ; ne pas se projeter, ne pas imaginer, ne pas anticiper, ne pas avoir peur.
Malgré toutes ces techniques de relaxation, le temps devenait long, de mes jambes nues au sol remontait toute la froideur dans mon corps, je n’avais pas conscience du temps, je restais immobile plus d’une vingtaine de minutes, je l’ai su plus tard.
Puis les chants traditionnels et polyphoniques ont commencé. Une voix amplifiée par un micro, annonça ” Station 1, Jésus est condamné à mort “. Le calvaire démarre. ” Station 2, Jésus est chargé de sa croix”.
C’est alors qu’on déposait sur mon dos une lourde croix, une voix près de mon oreille me dit ” debout “. Empêtré dans les cordons de l’habit, une main dans mon dos pour tenir la croix, je faisais appel à mes ressources physiques pour me redresser et positionner la lourde croix sur mon épaule.
On me poussait pour sortir de l’église où se mêlaient les chants, les cris, les flashs, tête baissée je m’exécutais sans chercher le regard des fidèles braqués sur moi. Je croisais néanmoins, celui de ma sœur, chargé d’émotions et en larmes. La procession se mettait en route dans les rues du centre de Bastia.
« Station 3, Jésus tombe pour la première fois sous le poids de sa croix ».
De nouveau face à terre, immobile, la lourde croix sur le dos, les chants, les cris, les incantations et le cortège reprend son chemin. J’apprenais le lendemain que la croix faisait plus de trente-cinq kilos et trois mètres de long.
« Station 4, Jésus rencontre Marie sa mère ».
Pieds nus, le rythme était lent, j’avais une pensée pour Marie Thérèse, la maman de ma fille Claudia qui suivait le cortège. Il n’y a pas de hasard.
« Station 5, devant l’église l’Immaculée Conception, Simon De Cyrène aide Jésus à porter sa croix ».
Roger prit la croix et la porta à la « Station 6 : Véronique essuie la face de Jésus ».
Pensées pour Véronique, la maman de mon fils Evann qui suivait elle aussi le cortège. Il n’y a pas de hasard.
Les enfants qui faisaient partie de la procession prenaient alors un moment la croix. Evann, qui ne savait toujours pas qui était le pénitent se joignait à eux.
On remettait à nouveau la croix sur mon dos. Elle me mordait l’épaule droite, je changeais de prise, et entendais une voix me dire d’avancer encore.
« Station 7, Jésus tombe pour la deuxième fois ».
Devant l’église Saint Roch, les chants redoublaient. J’accrochais malgré moi des regards dans la foule, j’apercevais des gens en larmes, les mains jointes, certains visages m’étaient connus. Moi qui appréciais tant les médias et la mise en avant, je ne cherchais à présent que l’anonymat.
La procession continuait, je voyais la projection au sol de mon ombre avec la croix sous les lueurs blafarde des réverbères. J’étais transcendé, je ne sentais plus rien, mes forces se décuplaient. Je commençais à être totalement dans le moment, je priais intensément le “Notre père”, ” Je vous salue Marie”, “Je crois en dieu”.
« Station 8, Jésus console les filles de Jérusalem qui pleurent ».
Le Diacre, Pierre Jean prend le micro et fait une belle apologie de toutes les femmes, de toutes les mères.
La procession se dirigeait vers la rue droite. Le sol était mouillé et glacé, je ne ressentais étrangement rien je n’avais pas froid. Ma conviction et ma volonté étaient en harmonie. Quand la foi soulève les montagnes ! Je gravissais les trente, ou quarante marches menant au grand parvis de la belle église Saint Charles, mère des confrères qui m’entouraient.
« Station 9, Jésus tombe pour la troisième fois ».
Face au sol à nouveau, j’étais immobile, submergé par le moment, tout bougeait à l’intérieur de moi. Je profitais de ce moment sachant qu’il ne reviendrait plus.
Malgré mes bouchons protecteurs, j’entendais les chants sublimes résonner. Je me relevais, en direction du vieux port.
« Station 10, Jésus est dépouillé de ses vêtements ».
Sans bouger, sur le promontoire de la fontaine de l’ancien marché, mon regard avait plus de champ pour voir le vieux port illuminé.
Encadré des confrères, sous les conseils de Roger, nous redescendions vers les quais. La cathédrale Saint Jean illuminée, dressait fièrement devant moi ses deux clochers, je priais, ” Désolé, Pardon, Merci, Je t’aime “. Le curé avait bien tenté de me faire extirper un lourd péché, même en cherchant bien, des lourds je n’en ai point trouvé.
Le plus pesant revenait, celui je m’étais infligé à moi-même. Toutes ces années de défis qui mettaient à l’épreuve mon corps, toutes ces années de travail sans un jour de repos, toutes ces années à repousser mes limites physiques, mentales, matérielles, sûrement au détriment et au mépris de ma famille, de mes proches qui m’aimaient et m’aiment d’un amour vrai.
” Désolé, Pardon, Merci, Je t’aime ” malgré tout. Perdona mi o Dio !
« Station 11, Jésus est cloué sur la croix ».
Nous remontions cette fois une ruelle étroite sous le seul roulement des tambours.
Elle était simplement éclairée de bougies rouges posées sur le sol. Le Diacre, Pierre Jean avançait devant moi, son aube blanche flottait.
« Station 12, Jésus meurt sur la croix ».
Agenouillé, sur la place du marché les voix s’étaient tues, j’étais seulement troublé par mes bruits intérieurs. Mes acouphènes que j’avais oubliées, me ramenaient au présent.
« Station 13, Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère ».
Un cortège de femmes pris le relais et porta la croix à l’intérieur de la cathédrale Saint Jean.
« Station 14, Jésus est déposé dans le Sépulcre ».
On m’agenouilla alors dans le cœur latéral de l’église, où j’avais devant moi la statue de Jésus en sang. Il était entouré de fleurs, de cierges. Dans le silence de longues minutes s’écoulèrent.
J’avais le regard rivé sur cette statue de bois inerte, qui semblait prendre chair. Une difficile duplication opérait. Je serrais les poings, mon visage ruisselait, j’avais hâte que cela se termine. Le Diacre me prenait la main en la serrant. Les chants reprenaient et je me retirais.
Je me dérobais de l’église avec Roger, en allant vers la sacristie. Il était minuit, la cérémonie avait duré plus de trois heures. Un souffle, une éternité, un souffle et 2000 ans. Je me changeais sans un mot, avec une gratitude énorme j’enlaçais Roger profondément ému.
Merci ! Perdona mio Dio !
Arrivé à la maison, je dévoilais à Evann que j’étais le Pénitent, il était entre mélange de fierté et d’étonnement, il parti un instant revoir ses cours de catéchisme.
Le lendemain, les douleurs aux pieds et aux épaules sont apparues. La fatigue savait se faire sentir.
Merci. Perdona mi o Dio !
Graziè, per stu lamentu di chiésu.
Cette puissante incarnation et cette identification m’avait fait prendre conscience de notre petitesse, de nos fragilités, qui sont inversement proportionnelles à ce que notre société veut nous faire intégrer.
Dans le très juste dicton ” Dans la vie il y a un temps pour tout “, je comprenais aussi qu’il y avait des passages obligés pour progresser et comprendre l’impermanence des choses, des évènements et des hommes. En être conscient me semblait déjà être d’une importance capitale.
A la suite de cette épreuve, car l’épreuve du pénitent en est une, et pour le coup l’habit fait le moine, j’avais eu une envie, un appel, un besoin d’aller plus haut plus loin. On ne se refait décidément pas.
Tous ces nombreux bouleversement, physiques, mentaux, spirituels, d’une vie, m’ont certes transformé ou du moins réussi à faire éclore en moi cette graine de ma personnalité mystique et mystérieuse au détriment sûrement de mon égo. C’est d’ailleurs ce bouleversement qui m’a conduit à imaginer puis à réaliser ce tour du monde de la foi des croyances et de spiritualités.
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Le Couvent de Saint Antoine
Ces breaks imposés, me permettaient également de me ressourcer et de me recentrer. Ma source spirituelle régulière a été et est le couvent de Saint Antoine à Bastia. Couvent Franciscain du XVème siècle, qui est géré et occupé par des moines Franciscains de Sardaigne. Ma mère m’a toujours dit que je devais m’appeler Antoine François, il n’y a pas de hasards, mais c’est mon frère ainé qui naquit le jour de la Saint Antoine, qui eu ce privilège.
Durant des années je n’avais jamais prêté aucune attention à ce monastère, je savais bien qu’il y avait un couvent Saint Antoine à Bastia, mais je ne m’y étais jamais rendu, pour mille et une raison ; puis la vie a fait son œuvre … (voir mon livre « Autobiographie de l’auteur sur le chemin de St Jacques de Compostelle. Ed BOD 2016).
Un beau matin je me laissais porter vers le couvent et me voilà dans une pièce devant un moine immense qui m’imposait les mains au-dessus de ma tête en parlant une langue inconnue. Je n’ai jamais su comment et pourquoi je m’étais rendu dans ce lieu et combien de temps j’y étais resté.
Le père François Dominique m’avait ouvert la porte, et je me retrouvais là sans trop savoir pourquoi. Nous commençons à nous entretenir, et me dit que mon état était plus qu’étrange, calme, vaporeux, mystique, en tout cas suffisamment étrange pour qu’il me garde auprès de lui toute la journée. Le père François Dominique me fit des prières, Je sus, nous sûmes plus tard que Le père François Dominique avait parlé en glossolalie, (langue, controversé mystique qui est le fait de parler en langue étrangère inconnue de la personne qui parle et celui qui écoute, tout cela dans une suite de syllabes incompréhensibles). Langue du Saint Esprit selon la bible, pathologie psychologique selon certains.
Ce lieu m’est à présent familier, c’est ma deuxième maison, je pratique et prie régulièrement. J’ai construit une chapelle en levant des fonds en ayant participé physiquement à son édification et a nécessité deux années de travail, le résultat est magnifique. Elle a été inaugurée par le provincial Sarde le Père Jean qui l’a baptisée, chapelle de la Sainte Famille.
Ma vie depuis changé fondamentalement, les cours de théologie et l’école de prière ont remplacé les théories sur l’augmentation des capacités physiques et les formations de management pour l’amélioration des ressources humaines. Les soirées de prières et d’adoration ont remplacé les séminaires sur le dépassement de soi.
C’est donc au couvent, qui au-delà des messes, chapelets, adorations, je me retrouve avec joie et régulièrement pour prendre un café ou dîner avec les moines. Les pères m’invitent parfois à y passer un Week end, j’y ai une petite chambre et pratique avec eux le culte journalier dans son ensemble. Je tente de les aider dans leurs quotidiens, je participe également à la recherche de fonds à travers une association « Anima e Pedrè « (Ames et pierres). Ces fonds sont nécessaires au fonctionnement de la Radio Salvè Régina qui émet vingt-quatre heures sur vingt-quatre depuis plus de 30 ans, depuis le sous-sol du couvent, où la technologie cohabite avec les Saints de marbre, les livres et autres tableaux anciens.
Le couvent Saint Antoine est le plus important centre religieux catholique de Corse, il est également le siège du tiers Ordre Franciscain, qui est une association pieuse laïque fondée en 1222 à Bologne en Italie par Saint François d’Assises. Cet ordre permet aux personnes laïques de vivre l’exemple des frères Franciscains sans rentrer dans l’ordre.
Je vous invite à le visiter, il a été totalement restauré, le cloître et les jardins sont magnifiques vous y trouverez le calme et la paix, et avec un peu de chance… vous pourrez vous entretenir avec les pères, ils sont extraordinaires, de grande culture, érudits et disponibles.
Les moines ne peuvent et ne doivent rien posséder en nom propre. Pas de maison, pas de voiture, rien. Ils ne possèdent rien mais ont tout, des pièces spacieuses pour habiter, des grandes cuisines pour manger, des grandes églises pour prier etc… Sans compter les plus grandes richesses qui sont l’absence de peur, la connaissance et la foi en la vie.
Selon le précepte de Saint François d’Assise, Ils ont fait vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.
Le couvent abrite également une grande et riche bibliothèque, avec des ouvrages historiques de la ville de Bastia, sur l’histoire de la Corse notamment, ces ouvrages historiques sur les différents courants théologiques et philosophiques sont rares. Il serait intéressant de les consulter.
Je m’aperçois au fil du temps que les Bastiais, dont je fais partie, ne connaissent pas le monastère de Saint Antoine, sauf pour la fête votive, où ils se retrouvent dans un même élan pour partager les chapelets bénis…Comme me l’avait dit l’Evêque Olivier de Germay, « les corses vous avez une foi de tradition qui masque parfois une foi de religion ». En effet, j’en ai eu la preuve.
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Une chapelle chez moi…
Durant toutes ces années de pèlerinages, de missions, de recherches et d’appartenance à une foi qui m’animait de plus en plus, j’allais plus loin et mettais en projet la réalisation d’une chapelle dans ma maison, à la résidence le Grand Large à Ville de Pietrabugno. Je n’étais jamais à court d’imagination et me disait que le plus grand pèlerinage à faire est finalement celui que l’on fait sur soit, autour de soi et donc le plus difficile en soi…
Je pratiquais la méditation, faisais mes prières et me ressourçait assez régulièrement chez moi, dans différentes pièces en fonction du temps, de mes disponibilités, mais cela ne me convenait plus, je décidais alors de réserver et consacrer une pièce pour cela.
Je modifiais donc une pièce de l’appartement, pour la transformer en un lieu de paix et de prière. Je m’attaquais tout d’abord au plafond, quel travail fastidieux que de réaliser un ciel… (J’appréhende de la sorte un peu mieux les moyens et les techniques mises en œuvre pour peindre les plafonds des lieux de cultes à plusieurs mètres du sol…). Je m’en sortais assez bien, puis j’installais comme dans toutes les églises, la colombe qui représente l’esprit Saint, je continuais par les murs, et enfin les fenêtres pour réaliser des vitraux etc… Quand je vous dis que je ne suis pas à court d’imagination… Et tout cela en même temps que mon quotidien.
Après ces travaux, il fallait à présent meubler cette pièce. J’achetais un Prie-Dieu et décorais la pièce avec ce que je pouvais glaner dans les vides greniers. Pour le bénitier je commandais une vraie coquille de bénitier que j’installais à l’entrée de la chapelle. Pour l’autel en forme de rocher, le père Amadéo du couvent de Saint Antoine me donnais un ostensoir, avec des restes et des reliques historiques de Saint Sardes !!!
J’apprenais également en élaborant mon projet, que pour une chapelle, une église, un oratoire etc… qui souhaite la réelle présence de Dieu à l’intérieur, il y faut donc y mettre des hosties consacrées et donc réaliser un tabernacle. Cependant pour cela il faut prévenir le diocèse, donc l’évêque, qui doit entamer une procédure spécifique et adaptée !
C’est pour cela qu’à chaque fois que vous rentrerez dans une église, un lieu saint où est présente une petite flamme ou une lumière rouge (généralement dans le fond, près de l’autel), vous saurez que la présence de Jésus est permanente au travers l’hostie dans le tabernacle.
Je ne poussais pas néanmoins et quand même la finalisation de ma chapelle jusqu’à ce détail fondamental, cependant elle fut inaugurée et baptisée par le père Marcello, qui procédait à un protocole bien défini et complet avec des prières des chants et de l’eau bénite.
Chaque jour, quand je peux et en fonction des périodes, je me ressource dans ce lieu de paix. Je pense à présent que pour obtenir au mieux notre paix intérieure et afin de cultiver un tant soit peu notre âme, nous devrions tous avoir un « petit » lieu personnel, de dévotion. Pas besoin d’espace, juste un endroit que l’on sacralise et où l’on peut se recueillir quelques minutes par jour.
Pour moi la foi est un combat et la prière est la seule arme du chrétien quand elle est faite avec ardeur et optimisme dans les temps de combat spirituel, oui donner quelques minutes, que dis-je, investir quelques minutes par jour pour notre santé mentale et spirituelle est nécessaire, et pourtant dans nos sociétés personne ne nous l’apprend et encore moins le conseil. Dans beaucoup de pays au monde, l’Asie, la Chine, l’Inde etc… la majorité des personnes pratiquent de la sorte. En France notamment cela n’est pas envisageable et dépasse l’entendement.
Qu’avons-nous pas fait au bon Dieu pour en arriver là !
S’occuper de soi est un métier, consacrer chaque jour du temps pour soi, n’est pas simple, que dis-je, c’est une lutte, notre pire ennemi c’est nous même, cependant bonne nouvelle, c’est que nous sommes également notre meilleur ami. (Voir mon dernier ouvrage, il n’est jamais trop tard pour avoir une âme saine, un esprit sain dans un corps saint, Ed. BOB 2020)
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Couvent de vico
Le retour en Corse me conduisait quelques semaines plus tard au couvent de Vico, ou j’avais rendez-vous avec Ema.
Le couvent Saint François de Vico est une monumentale bâtisse construite en 1481 par les Franciscains ; ils en construisaient une quarantaine à partir du XIIème siècle en Corse.
De nos jours seuls une quinzaine ont encore une activité. Le couvent de Vico est depuis 1836 habité par les missionnaires Oblats de Marie Immaculée, dont le père Albini a été le supérieur emblématique.
Le rendez-vous était pris depuis quelques semaines pour une retraite spirituelle plus orientée vers le bouddhisme Zen que par l’enseignement des Oblats. En effet une none ayant réalisé de longues retraites en Inde, avait trouvé en Corse les conditions initiales pour poursuivre sa quête.
Ema a 70 ans, elle en paraît 20 de moins, elle est d’origine Polonaise parle plusieurs langues, et dispense également des cours de Yoga le samedi matin à Bastia à une dizaine de personnes désireuses d’harmoniser leur corps et leur esprit.
Nous nous retrouvons cette fois au couvent de Vico, qui accueille avec intérêt des groupes en pension complète. Une fois les traditionnelles présentations et programme du séminaire réalisés, nous prenons rendez-vous à 5 heures du matin sous les voutes des fondations du couvent ou émanent des énergies puissantes que l’on ressent dès que l’interminable escalier sombre nous y donne accès.
Quand les Maitres religieux décidaient de l’emplacement d’un édifice de pratiques, églises, temples ou cathédrales, quelles que soient leurs religions d’ailleurs, ce choix était longuement et finement étudié et ressenti. En dehors des classiques positions politico stratégiques, les emplacements sont toujours des lieux remarquables, aux carrefours de forces mystérieuses dont nous avons aujourd’hui oublié et perdu leurs puissantes significations.
Assisse en Lotus sur une grande couverture, sous la voute principale Ema nous attendait, une flamme de bougie vacillait devant elle ajoutant davantage de mysticisme au lieu. Nous étions une dizaine à prendre place en cercle autour d’elle. Un long et interminable temps se passait avant qu’Ema ne sorte un Mala (chapelet tibétain de 108 perles) en fredonnant des mantras tibétains, comme une litanie récitée dans une langue inconnue. Après un nouveau moment de silence Ema, nous disait que la parole pouvait circuler tour à tour, en privilégiant le retour d’expérience.
De telles expériences spirituelles sont puissantes et enrichissantes, si l’on arrive à se dépouiller, un tant soit peu, afin de nous rendre vulnérable, afin de rassembler nos corps subtils qui nous constituent et découvrir une part de notre divinité. Ema nous disait que pour tenter d’atteindre le » soit « il nous faut obligatoirement dissoudre le « moi «, le « je «, puis ressentir les connections de notre entourage, l’espace, les animaux, le minéral, le végétal, puis réaliser mentalement des cercles concentriques de plus en plus grands, visualiser les éléments extérieurs proches, puis l’environnement extérieur lointain, puis l’espace, puis l’univers et enfin constater que notre moi qui nous fait tant souffrir et qui a peur devient insignifiant et ne mérite plus la place que nous lui accordons, et que la société lui accorde.
La matinée d’enseignement était entrecoupée de longues méditations, où le but n’était pas de faire « le vide « mais au contraire « le plein » La méditation ne consiste pas à ne pas penser, ce qui est impossible, ( les neuroscience nous confirme que nous avons par jour des dizaines de milliers de pensées ), la méditation nous apprend à ne pas suivre nos pensées, ((bonnes ou mauvaises ), de les laisser traverser notre conscience tels des nuages qui défilent sans nous accrocher et donc sans ruminer une pensée en boucle. Voilà un secret qui tient dans une phrase et qui demande une vie de pratique.
Les repas végétariens étaient pris sans une parole. Expérience aussi simple à dire que difficile à réaliser. Nous sommes de véritables moulins à paroles, qui au-delà de ne pas souvent dire grand-chose, nous sert davantage de nettoyage de notre poubelle interne, qui pollue souvent autrui. Je réalisais pour l’expérience un repas sans paroles dans ma maison à Bastia, afin de faire connaitre ce type d’exercice simple mais au combien difficile, qui pour certains convives a été tout simplement impossible, avec fou rire, déstabilisation avec arrêt pur et simple du repas… Essayez l’expérience vous en serez troublé…
L’après-midi nous avions droit à une balade méditative en pleine conscience, (1 h pour faire 500 m). Ce type d’exercice, nous enseigne que toutes les choses que nous voyons, que l’on entend ou que l’on perçoit passent par nos filtres de conscience (de plus en plus gros ) de l’expérience vécue, si bien que l’on ne voit plus, n’entendons plus, ne ressentons plus l’expérience que l’on vit. Sans compter qu’un outil comme le téléphone, véritable appendice transhumaniste, est toujours branché, nous envoie sans arrêt des messages et des notifications afin de nous couper d’avantage du présent, que l’on ne vit donc jamais.
Encore une fois, il faudrait que nous les percevions davantage avec le cœur.
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ».
Antoine de Saint Exupéry.
L’homme est fondamentalement bon, il vient faire une expérience spirituelle dans un corps physique et non l’inverse, cependant les sociétés, puis les religions transformées en organes politiques ont perverti cela depuis des siècles en inhibant l’intelligence du cœur.
La méditation ne doit pas être réservée à un lieu ou un groupe, on devrait l’intégrer dans notre quotidien, les bienfaits sont nombreux et validés de nos jours par la médecine, elle est pratiquée dans divers services post traumatiques. L’américain Jon Kabat-Zinn en a été le précurseur il y a une trentaine d’années et je vous conseille pour aller plus loin de lire les ouvrages cultes qu’il a écrit sur le sujet.
Chaque matin avant l’enseignement d’Ema, je ne manquais pas l’office des frères Oblats. J’en suis convaincus, en tout cas pour moi, la spiritualité est un liant, une sorte de tempo musical, ou différents instruments peuvent y jouer la symphonie, je trouve peu de différence sur le fond évidement, dans une pratique méditative bouddhiste, la prière catholique du chapelet, une litanie de sourates, une marche méditative en pleine nature etc… toutes ces pratiques nous mènent en direction de notre vraie nature profonde.
Le séjour prenait fin, par une méditation basée sur un modèle spirituel Hawaïens « Oponopono « qui se résume en quatre mots, désolé, pardon, merci, je t’aime…Ces quatre mots se retrouve très souvent dans les évangiles, et je vous conseille quand une situation ou un fait vous sont douloureux de les dires et redire en pensant ( avec le cœur et non la tête ) à cet évènement…
Ce n’était finalement pas une fin, mais un réel début … Comme d’habitude pensais je !
Plus tard, je me rendais à nouveau au couvent Vico, pour des stages de yoga. Le couvent me faisait penser au couvent de Corbara en Haute Corse. En effet le service hôtellerie fonctionne à merveille, le prix de la demi-pension est dérisoire, 50 €, cela permet en quelques jours se déconnecter de la trépidation de la vie courante. Le monastère est situé en centre sud Corse à 850 mètres d’altitude, on peut en quelques heures rejoindre le Lac de Creno sur le GR 20.
L’activité religieuse du couvent est assurée régulièrement pour ceux qui le désirent. La communauté missionnaire reconnue par Rome est présente sur toute la planète, par des prêtres Brésiliens, Polonais… Un voyage dans le voyage. Alors tentez la facile expérience !
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Notre Dame de Lavasina
Entre temps et au-delà de la planification de mon emploi du temps et de la programmation des voyages, je décidais de participer à la procession de notre Dame de Lavasina en Haute-Corse, lieu de pèlerinage depuis plus de trois siècles qui consiste à aller en marchant de Bastia à Lavasina, soit 8 kilomètres.
Les Corses viennent prier Marie la divine grâce, lui confier leurs intentions, leurs épreuves et leurs espoirs. Marie est « la patronne de la Corse et c’est à juste titre que l’on nomme Lavasina le « Lourdes de la Corse «.
Ce pèlerinage est festif et sympathique, il a cependant pour moi une autre connotation. En effet, dans les années 1990, alors que j’étais dans la folie entrepreneuriale, mon corps en avait plein le dos…et durant des mois je vivais avec une triple hernie discale qui était apparue je ne sais ni comment, ni pourquoi ! Pendant ces mois de douleurs, je continuais mon volume d’activité, les antidouleurs ne compensaient plus et me voilà obligé de quitter la Corse pour aller à l’hôpital de la Timone à Marseille afin de subir une opération en urgence.
Je ne pouvais plus marcher et mes besoins primordiaux de vie étaient mis en jeu quotidiennement. J’arrivais dans le service neurologique dans un état semi-critique, après un voyage en avion très douloureux, ma sœur m’attendait dans le service, et se demandait comment j’avais fait pour supporter de telles douleurs si longtemps.
Après une opération des plus compliquées, je devais envisager de modifier mon hygiène de vie, ainsi que mon activité professionnelle frénétique, et après des semaines de rééducation dans un centre spécialisé à Marseille, je comprenais que je devais réagir et me plier à certaines contraintes.
Des semaines sans pouvoir m’assoir, des semaines où il a fallu remplacer le mobilier quotidien, tables, bureaux, lits etc…
Il m’était interdit de conduire durant des mois, je prenais donc un chauffeur pour mes déplacements professionnels et c’est allongé en « chien de fusil » sur la banquette arrière de ma voiture que je me déplaçais. Les souvenirs des trajets de Bastia à Ajaccio me donnent encore la nausée.
Je comprenais donc, contraint et forcé, que je devais réagir. Marcher cinquante mètres m’était pénible et relevait de l’exploit.
Je décidais, je ne sais pourquoi, de me lancer un défi énorme, soit Bastia-Lavasina en marchant lors du pèlerinage du 8 septembre. Marcher huit kilomètres était pour moi à ce moment-là un Everest insurmontable. J’inscrivais cela comme un défi physique et spirituel en « jurant « à mes Dieux de l’époque que je serais reconnaissant et que surtout j’avais compris la leçon de vie.
Le jour J, et après cinq heures d’effort je ralliais Bastia à Lavasina, j’entrais dans le sanctuaire en larmes, confiais à genoux à Marie toutes mes émotions, mes aspirations et ma reconnaissance.
Bien des années après les défis prirent une autre dimension (voir autobiographie de l’auteur sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Ed. Bod 2016). Je réussissais à modifier le cours de mes activités professionnelles sans évidement me changer moi-même, car on peut changer, on peut juste révéler et faire éclore d’autres parties de nous-mêmes qui sont parfois enfouies.
Je refaisais des années plus tard et assez régulièrement le pèlerinage, dans d’autres conditions et avec d’autres sources de motivation. Pas après pas, toujours les fameux pas vers le futur et vers soi-même.
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Le Couvent de Saint Antoine
Ces breaks imposés, me permettaient également de me ressourcer et de me recentrer. Ma source spirituelle régulière a été et est le couvent de Saint Antoine à Bastia. Couvent Franciscain du XVème siècle, qui est géré et occupé par des moines Franciscains de Sardaigne. Ma mère m’a toujours dit que je devais m’appeler Antoine François, il n’y a pas de hasards, mais c’est mon frère ainé qui naquit le jour de la Saint Antoine, qui eu ce privilège.
Durant des années je n’avais jamais prêté aucune attention à ce monastère, je savais bien qu’il y avait un couvent Saint Antoine à Bastia, mais je ne m’y étais jamais rendu, pour mille et une raison ; puis la vie a fait son œuvre … (voir mon livre « Autobiographie de l’auteur sur le chemin de St Jacques de Compostelle. Ed BOD 2016).
Un beau matin je me laissais porter vers le couvent et me voilà dans une pièce devant un moine immense qui m’imposait les mains au-dessus de ma tête en parlant une langue inconnue. Je n’ai jamais su comment et pourquoi je m’étais rendu dans ce lieu et combien de temps j’y étais resté.
Le père François Dominique m’avait ouvert la porte, et je me retrouvais là sans trop savoir pourquoi. Nous commençons à nous entretenir, et me dit que mon état était plus qu’étrange, calme, vaporeux, mystique, en tout cas suffisamment étrange pour qu’il me garde auprès de lui toute la journée. Le père François Dominique me fit des prières, Je sus, nous sûmes plus tard que Le père François Dominique avait parlé en glossolalie, (langue, controversé mystique qui est le fait de parler en langue étrangère inconnue de la personne qui parle et celui qui écoute, tout cela dans une suite de syllabes incompréhensibles). Langue du Saint Esprit selon la bible, pathologie psychologique selon certains.
Ce lieu m’est à présent familier, c’est ma deuxième maison, je pratique et prie régulièrement. J’ai construit une chapelle en levant des fonds en ayant participé physiquement à son édification et a nécessité deux années de travail, le résultat est magnifique. Elle a été inaugurée par le provincial Sarde le Père Jean qui l’a baptisée, chapelle de la Sainte Famille.
Ma vie depuis changé fondamentalement, les cours de théologie et l’école de prière ont remplacé les théories sur l’augmentation des capacités physiques et les formations de management pour l’amélioration des ressources humaines. Les soirées de prières et d’adoration ont remplacé les séminaires sur le dépassement de soi.
C’est donc au couvent, qui au-delà des messes, chapelets, adorations, je me retrouve avec joie et régulièrement pour prendre un café ou dîner avec les moines. Les pères m’invitent parfois à y passer un Week end, j’y ai une petite chambre et pratique avec eux le culte journalier dans son ensemble. Je tente de les aider dans leurs quotidien, je participe également à la recherche de fonds à travers une association « Anima e Pedrè « (Ames et pierres). Ces fonds sont nécessaires au fonctionnement de la Radio Salvè Régina qui émet vingt quatre heures sur vingt quatre depuis plus de 30 ans, depuis le sous-sol du couvent, où la technologie cohabite avec les Saints de marbre, les livres et autres tableaux anciens.
Le couvent Saint Antoine est le plus important centre religieux catholique de Corse, il est également le siège du tiers Ordre Franciscain, qui est une association pieuse laïque fondée en 1222 à Bologne en Italie par Saint François d’Assises. Cet ordre permet aux personnes laïques de vivre l’exemple des frères Franciscains sans rentrer dans l’ordre.
Je vous invite à le visiter, il a été totalement restauré, le cloître et les jardins sont magnifiques vous y trouverez le calme et la paix, et avec un peu de chance… vous pourrez vous entretenir avec les pères, ils sont extraordinaires, de grande culture, érudits et disponibles.
Les moines ne peuvent et ne doivent rien posséder en nom propre. Pas de maison, pas de voiture, rien. Ils ne possèdent rien mais ont tout, des pièces spacieuses pour habiter, des grandes cuisines pour manger, des grandes églises pour prier etc… Sans compter les plus grandes richesses qui sont l’absence de peur, la connaissance et la foi en la vie.
Selon le précepte de Saint François d’Assise, Ils ont fait vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.
Le couvent abrite également une grande et riche bibliothèque, avec des ouvrages historiques de la ville de Bastia, sur l’histoire de la Corse notamment, ces ouvrages historiques sur les différents courants théologiques et philosophiques sont rares. Il serait intéressant de les consulter.
Je m’aperçois au fil du temps que les Bastiais, dont je fais partie, ne connaissent pas le monastère de Saint Antoine, sauf pour la fête votive, où ils se retrouvent dans un même élan pour partager les chapelets bénis…Comme me l’avait dit l’Evêque Olivier de Germay, « les corses vous avez une foi de tradition qui masque parfois une foi de religion ». En effet, j’en ai eu la preuve.
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La Franc-maçonnerie, un voyage
Je fus initié Franc-maçon en 2004 et donnais ma démission en 2016.
J’intégrais L’ordre maçonnique mixte international du Droit Humain qui a été fondé en 1893 par Maria Deraisme. Mixité novatrice pour l’époque car encore au XXIème siècle, les loges masculines étaient réticentes à l’intégration des femmes dans leurs rangs.
J’ai apprécié ces années de travail et de recherches au sein de la grande famille maçonnique. Travail sur soi, travail sociétal, travail philanthropique initiatique et ésotérique.
Les premiers maçons du XVème siècle qui apparurent en Ecosse, étaient des opératifs et des bâtisseurs. Puis au travers les siècles, l’ordre et les rites essaimèrent à travers l’Europe sous de nouvelles branches et loges, qui donnèrent naissance à diverses obédiences plus spéculatives qu’opératives.
Les secrets des bâtisseurs des cathédrales ayant été remplacés par les logiciels…
En maçonnerie, les maîtres mots sont : rituels, symbolisme, fraternité et une certaine forme de rigueur. Les principes généraux sont le travail sur soi et la recherche de notre meilleure place dans le concert de l’humanité, dans le but de s’amélioré et d’améliorer ce qui nous entoure.
Ces douze années passées à tenter d’aller vers ce but, m’ont été bénéfiques, puis le temps a passé, je me suis dirigé vers autres choses pour diverses raisons, professionnelles et personnelles. Enfin ma rencontre avec une autre forme de foi et la pratique de la religion catholique ont mis progressivement un terme à cette appartenance maçonnique. La Franc-maçonnerie, en tout cas dans les premiers grades (après je ne sais pas), ne reconnaît pas ou en tout cas ne vénère pas de Dieu, mais « Un grand architecte de l’univers «. La devise à l’obédience du droit humain était, « Tout est symbole, cherches et tu trouveras » … Aujourd’hui, je me dis que cette devise est la dernière marche avant d’arriver à Dieu le père.
J’étais souvent gêné, durant ces années de pratique par une fraternité et une bienveillance qui devait être sans failles, et nous réunissait dans le temple, où nous « jurions » de continuer ces principes une fois nos « tenues » terminées. A l’extérieur (et parfois dedans), certains étaient loin de mettre en pratique ce qu’ils prêchaient… Pour me consoler, je disais souvent que c’était vrai, cependant la majorité tenaient leurs paroles dans les actes. Ce genre d’attitude, je l’ai également et malheureusement rencontrée au sein de l’église catholique.
Le pape François a d’ailleurs réalisé un prêche et une note après la Covid, où il stipulait ne plus vouloir à l’intérieur des églises « des bigotes », louant Dieu et la communauté qui, une fois sur les parvis de l’église, commençaient le grand déballage des critiques et des jalousies.
François Dominique mon moine adoré de Saint Antoine, me dit un jour : « Etienne, où que tu ailles, quoi que tu fasses, tu trouveras toujours un homme en face toi avec ses forces et ses faiblesses mais surtout un homme en devenir, et qui pour l’instant ne veut pas souffrir et être heureux, alors à toi de compenser par l’amour et par le pardon. ».
En France et surtout en Corse, les Francs-maçons sont très nombreux et sont souvent parfois à tort critiqués d’appartenir à la sphère maçonnique seulement pour le business ou pour le lobbying d’influence.
La religion catholique et le monde maçonnique, ne faisant pas trop bon ménage ensemble, (je me demande pourquoi d’ailleurs), je prenais totalement mes distances avec l’obédience du droit humain.
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Loka de L’Alta Rocca
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous »
Paul Eluard,
Dès mon retour en Corse j’étais contacté pour enseigner des pratiques de méditations de pleine conscience par la méthode OMT « Open Mindfulness Training « Enseignement dispensé par la Bouddha University à Porto Vecchio. J’ai donc rencontré et pratiqué la méditation de pleine présence ancestrale avec David Tcheuki, jeune Lama qui adore la Corse.
Depuis, le groupe de méditation s’est structuré, car a été fondé le Loka de l’Alta Rocca, qui accueille des retraitants de moyenne durée (de quelques semaines à quelques mois). Une pagode de méditation est en cours de construction et accueille déjà des adeptes de la méditation de façon régulières ou lors de séminaires.
Ce loka est le seul existant en Corse. Je m’y rends chaque fois que mon emploi du temps le permet. Je découvre un enseignement ancestral de plusieurs millénaires, où la recherche de la paix, la joie, le bien-être physique, mental et spirituel sont les buts à atteindre, par les chemins du non attachement, de la dilution de la souffrance et des peurs. Les méthodes de méditations Laïques ont depuis quelques dizaines d’années, été admises en milieu hospitalier, car leurs effets bénéfiques pour la santé ont été scientifiquement prouvé. Elles sont aussi parfois récupérées par des mouvements dits « New Age « peu scrupuleux qui cherchent à recruter et faire des adeptes. Certains groupes religieux s’éloignent parfois de la spiritualité et de la foi qu’ils souhaitent transmettre et partager.
J’ai dans ce type de pratique pu encore une fois faire le lien entre les nombreuses passerelles qui existent entre les différents enseignements spirituels, qu’ils soient monothéistes, polythéistes et même laïques. Les hommes cherchent peu de choses finalement, à être aimés et ne pas souffrir. Alors à nous de chercher, de pratiquer, cependant nous devons être attentif et prendre garde à ne pas être aveuglé par certains miroirs aux alouettes. La société actuelle nous propose une multitude de miroir aux alouettes, vantant santé, paix, bonheur et fortune.
David me dit à ce sujet, Etienne avant d’approcher, ou adhérer à une pratique, philosophie, il faut vérifier deux choses :
- L’origine et les racines de cet enseignement
- La capacité d’ouverture et de bienveillance de cet enseignement
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Mosquée Bastia
Après avoir visité des pays où la religion musulmane est la première religion, voir une religion d’Etat comme le Maroc, ou la Turquie, je décidais d’assister à une prière musulmane de référence, la grande prière du vendredi, dans ma ville, c’est-à-dire à Bastia. En Corse la population d’origine maghrébine, notamment marocaine, est assez nombreuse, elle est environ de 35 000 personnes.
Issus d’une immigration des années 1960, ces habitants sont implantés dans tous les secteurs de la vie professionnelle et assez bien intégrés. Les importantes immigrations Portugaises et Italiennes (entre autres) dont je suis issu, ont eu une intégration plus rapide. Au-delà d’être Européenne, cette immigration avait la même religion que le pays qui les accueillait. Concernant les maghrébins, c’est différent car au regard leur culture et de leur religion l’intégration a été plus lente.
En Corse des lieux de prière bien référencés permettent aux musulmans de pratiquer leurs prières communes. Les Musulmans sont beaucoup plus pratiquants que les Chrétiens et je pense beaucoup plus que la majeure partie des religions, j’ai pu le constater à travers mes voyages de par le monde. Il me semble de plus, que cela va en s’accentuant.
A Bastia donc il y a deux mosquées et j’étais invité par Sofiane un jeune musulman, à qui j’en avais fait la demande. Il avait pris le soin de demander à son Imam, si ma venue était possible.
Pour la petite histoire quand j’ai construit la chapelle de la Sainte famille au couvent de Saint Antoine, j’avais eu du mal à trouver des artisans de confession catholique compte tenu du lieu et de la circonstance. Sur ce je demandais au Vicaire du couvent s’il acceptait des ouvriers musulmans. Sa réponse a été directe et sans équivoque : « Bien sûr Etienne ! Il vaut mieux un bon musulman, qu’un mauvais chrétiens »…
Donc sans avoir lié ces deux évènements je me retrouvais au côté de Sofiane, un vendredi pour me rendre à la mosquée de Bastia qui se situe à sortie Sud de la ville dans un hangar très bien aménagé, qui ne comporte pas de minaret et de signe distinctif externe.
Sofiane me donnait quelques informations et me précisait que dans le Coran il y a plus de 25 prophètes dont Jésus, Moïse, et Abraham en font partie. Marie est évoquée 34 fois dans les sourates du Coran, on la nomme Maryam, comme en Araméen. Marie est une figure essentielle du christianisme, elle est la mère de Jésus-Christ. D’emblée cette introduction sans m’étonner donnait le « la » à cette expérience.
Comme je le pense depuis longtemps, à travers toutes ces prétendues différences entre les religions, nous avons davantage de liens qui nous unissent que de disparités.
Sofiane m’invitait à le suivre et me demandait de faire comme lui. Nous passions tout d’abord par la pièce de purification, lavage du nez avec aspiration de l’eau par le nez et rejet par la bouche et par le rituel d’ablutions à l’eau que l’on met dans un petit saut prévu à cet effet. Lavage de la main droite puis de la gauche, lavage du bras gauche puis du droit, lavage du pied droit, du gauche, lavage des oreilles, du visage, des cheveux.
Ensuite Sofiane me dirigeait vers un vestibule et m’invitait à mettre une robe de prière « le quamis » rangées en grand nombre dans une armoire.
Sofiane avait sa tenue personnelle. Nous allions à présent dans une grande pièce à la lumière tamisée et où étaient présentes environ 150 à 200 personnes, toutes en tenues de prière.
Nous voilà assis sur une moquette et des tapis. Face à nous sur le mur des écrans vidéo, avec une horloge qui égrène les minutes et qui donne précisément les heures de prières. Au milieu du mur principal une estrade voutée, qui doit être le lieu de prêche. Tout autour de la salle des hauts parleurs, des tentures mais aucun signe ostentatoire ou religieux apparent.
A 13 heures 30 précises arrivaient des personnes qui devaient être des Imams et prenaient place sur l’estrade. Sofiane me chuchotait à l’oreille que la première personne allait dire des sourates en rapport avec ce jour-là. Le son des hauts parleurs était puissant. Puis le 2ème Imam posait un micro HF, sur son visage et commençait le prêche. Sofiane me disait qu’en Corse le prêche est intégralement en arabe littéraire. Dommage je n’avais rien compris pendant ces quinze minutes d’enseignement.
Sofiane m’en faisait un compte-rendu plus tard : il soulignait l’importance de nettoyer son âme, de la purifier avec une pratique calme, humble, discrète et assidue.
Le corps physique et l’âme ont une relation étroite, l’âme en est la partie la plus importante. Rien ne me choquait dans ce discours, j’y voyais pas mal de similitudes dans les termes que l’on emploi dans beaucoup de lieux de prières sur la planète
Après le prêche, toute l’assemblée se mettait en position de prière debout puis assis pour réciter la salatt, au rythme des sourates. Les chrétiens se mettent à genoux, les bouddhistes sont assis sur sol en position de « yoga » dite « la position de l’enfant, et les musulmans après avoir récité le premier verset du Coran se penchent en avant en maintenant les mains sur les genoux. Leur dos doit être droit, leurs épaules nivelées ils se prosternent en se mettant à genoux et en posant leur front, leur nez, leurs mains et leurs genoux au sol.
Encore une fois que des variantes qui se ressemblent étrangement…Après quoi nous avons quitté la mosquée.
Sofiane me disait aussi que les femmes étaient dans une salle mitoyenne et suivaient le même protocole.
Je me souvenais qu’au mur des lamentations les femmes priaient sur une partie du mur qui leur était réservée, elles étaient bien séparées des hommes ; dans nos églises catholiques il y a encore quelques dizaines d’années les femmes étaient dans les rangées de gauche et les hommes dans les rangs de droite, encore des similitudes…
Tout le monde regagnait la sortie dans un calme étrange, je n’y avait vu aucun européen, Sofiane qui connaissait ma démarche proposait de me transmettre des vidéos où des Imams prêchent les nombreuses passerelles qui existent entre les religions. En nous quittant il me dit « c’est la politique, le pouvoir et les médias qui mettent la zizanie… ».
Témoignage
Témoins de Jéhovah à Bastia
Entre deux voyages, mon ami Corse Sauveur me contactait en me disant que si je souhaitais rencontrer les témoins de Jéhovah et assister à une réunion « office « cela serait possible samedi c’est-à-dire dans 8 jours.
Pour relater ce témoignage je n’ai pas pris l’avion, mais juste ma moto pour me rendre au Sud de Bastia, dans la grande salle du royaume des témoins de Jéhovah.
Sauveur avait travaillé dans mon entreprise, il ne m’avait jamais caché ce lien d’appartenance, mais au contraire il m’en parlait souvent, sans aucune forme de prosélytisme.
Nous nous retrouvions un samedi à 17 h précises, sur les parvis de la grande Salle du Royaume. J’avais demandé au préalable avec quelle tenue vestimentaire je devais me présenter, ainsi que l’attitude à tenir. Le costume cravate avait été de rigueur et pour l’attitude je devais écouter tout simplement.
Un conférencier du continent était attendu, pour parler de la foi.
Quoi de mieux pour satisfaire mon besoin de connaissance et de compréhension globales que cet « office ».
Alors comme à mon habitude, je ne suis pas en train d’écrire pour juger, ou pour expliquer, mais seulement pour retranscrire mes impressions et mon ressenti lors de cette réunion chrétienne ou cet office je ne sais d’ailleurs pas comment se nomme ce rassemblement de fin de semaine.
J’en profite à nouveau pour écrire mon ignorance totale au sujet des témoins de Jéhovah, et demande clémence au lecteur qui en saurait davantage sur cette organisation. Je suis juste là pour apprendre, m’informer et témoigner de ces quelques heures de communion.
Plus de cinquante membres, tous en tenue impeccables (j’en reconnaissais certains) avaient pris place dans la plus grande salle du bâtiment qui en comporte plusieurs. Rien absolument rien d’ostentatoire, un décor très sobre sans présence de croix, d’icone ou de statue.
Un mobilier et des installations parfaites, une réunion au timing bien huilé, un conférencier qui connaissait bien son sujet, un retour d’expérience mené par une personne dédiée qui présentait son micro d’une personne à l’autre, des prises de paroles ordonnées, de l’organisation des moyens et un discours sensé.
La deuxième partie de la réunion était sur l’explication de certains chapitres et versets de la Bible (une dizaine de versets développés et commentés par le public) toujours de façon ordonnée et sérieuse. Chaque participant a sa tablette numérique avec un logiciel personnalisé, ou il est facile de retrouver le moindre chapitre et le moindre verset, des 4 évangiles et mêmes davantage je crois.
Moi qui connais un peu, trop peu la bible, j’ai été bluffé par leurs connaissances et leurs maitrise des évangiles. La bible (ancien et nouveau testament) est le livre le plus lu et édité au monde. Concernant les quatre évangiles du nouveau testament (Luc, Mathieu, Marc, Jean), j’ai toujours pensé que ces ouvrages rédiges depuis plus de 2000 ans, avaient une résonnance et une application contemporaine étonnante.
Je ne croyais pas aussi bien dire car les témoins de Jéhovah dans leurs travaux, leurs recherches, et leur enseignement basés totalement sur ces écritures et en font un fondement sans aucune dérogation possible. Leur discours est d’ailleurs implacable et peu attaquable car il vous met devant les faits écrits des milliers de versets.
Jéhovah est le nom de Dieu, car pour les témoins Jéhovah Dieu n’est pas une personne, mais un titre, comme Monsieur. Jésus est son fils. Il annonce aussi que quand le jugement de Dieu s’abattra sur le monde et emportera tout (comme le déluge et l’aventure de Noé dans l’ancien testament), seuls seront sauvé les témoins de Jéhovah qui seuls ont su rester fidèle à la parole Dieu.
Les témoins de Jéhovah ne fêtent pas les anniversaires de naissance parce qu’ils croient que ces célébrations déplaisent à Dieu.
Les témoins de Jéhovah ne croient pas à la réincarnation de l’âme, «Tu es poussière et à la poussière tu retourneras» « Livre de la Genèse (3,19) avant la naissance il n’y avait rien et après la mort il n’y aura rien.
Encore une fois cela est juste ce que j’en ai compris, car avec quelques heures d’écoute ou de recherches, il est impossible de retranscrire un tant soit peu leur doctrine. Les témoins de Jéhovah se doivent également d’évangéliser, et donc de sauver celui qui peut l’être.
Ils sont très actifs, motivés et vont au devant des gens régulièrement sur les marchés, les places, font parfois du porte à porte en binôme et laissent une brochure d’information.
J’ai pu constater aussi, que les mots amour et espérance revenaient maintes fois. Les membres de l’assemblée reflétaient un regard doux, tendre et empathique, on ressentait également une belle énergie.
Depuis plusieurs années que je côtoie des témoins de Jéhovah dans la vie active, j’ai pu constater dans leurs discours qu’une attitude correcte et bienveillante.
Ce que je pourrais dire (et ce n’est évidemment pas un reproche et cela serait même une qualité), c’est un certain activisme de recrutement ainsi qu’une foi inébranlable dans leur façon de vivre la bible. Cela a pour conséquence une sorte de rejet de toutes les autres religions ou une façon de vivre une autre forme de foi.
Présents en Corse depuis les années cinquante, les témoins de Jéhovah sont aujourd’hui plus d’un millier sur l’île. Ils se réunissent dans plusieurs villes de Corse, de la plaine orientale, Corte ou Ajaccio et doivent même enseigner les saintes écritures en langue Corse.
Je pense les témoins de Jéhovah doivent être aussi impliqués financièrement, car le niveau des installations ferait pâlir d’envie plus d’une entreprise ou une collectivité. J’étais invité à une autre réunion plus intime et de travail spécifiquement sur la bible, je n’ai pas pu l’honorer car mes voyages et les recherche sur la foi, les croyances et les religions était loin d’être terminés.
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Témoignage
Temple Juif Bastia
Mon voyage, mes expériences, le tour de moi… allaient me mener à la Synagogue de Bastia. Kevin Prioreschi, de confession juive, qui est un camarade de mon village, m’avait convié à participer au nouvel an Juif à la Beth Habad de Bastia, qui est le centre communautaire Israélite de la ville, car la synagogue était en travaux. Le rabbin Zalman Taboul acceptait mon invitation pour cette cérémonie importante.
Kevin est le fils d’un ami Hervé, qui avait épousé une fille de confession Juive. Kevin avait suivi un enseignement régulier de la religion juive qui est transmis filialement par la mère.
J’avais rencontré Kevin à diverses reprises, je l’avais quelquefois conseillé et j’ai été amené à répondre souvent à des questions d’ordre professionnel. Un lien d’amitié s’était alors tissé et l’évolution de notre amitié à fait que je suis devenu le parrain de leur fils Nolan. Cela m’avait valu de participer à la cérémonie de la brith milah, rite de circoncision chez le garçon juif. Cette cérémonie fondatrice Juive est un commandement de la Torah, ce rituel s’effectue le huitième jour après la naissance de l’enfant.
J’ai toujours observé la religion Juive avec attention, non seulement parce qu’elle fait partie intégrante de l’histoire chrétienne, mais aussi parce qu’elle fait partie de mon histoire familiale.
En effet mon arrière-grand-père maternel qui s’appelait Moïse était avec toute sa famille de confession Juive. Ils étaient Autrichien et avaient immigré en Italie entre les deux guerres mondiales, sous la pression et la menace du régime nazi qui était en train de se mettre en ordre de marche. Mon arrière-grand-père avait anticipé et pris la douloureuse décision de s’expatrier et de changer de religion.
J’avais déjà participé à des offices religieux Juifs lors de mon voyage en Israël, mais aussi à des offices funéraires en Corse, que je regardais très attentivement en considération de cette particularité spirituelle qu’est mon histoire de famille.
Comme toujours je vous retranscris mes impressions de ce retour d’expérience qui font partie intégrante de ce voyage autour du monde de la foi des croyances et des religions. Mon ressenti sera comme toujours surement pas le reflet exact des moments vécus, mais sera en tout retranscris avec honnêteté et objectivité.
Kevin m’avait donc convié à une belle et importante cérémonie juive, qui est la fête de Roch Hachana. Elle célèbre le nouvel an Juif, qui a donc été fêté le 17 Septembre 2023.
Pour les juifs on célébrait l’entrée dans l’année 5784. Selon le calendrier hébraïque l’an 1 correspond à l’année de la création divine. Ce sont les premiers Rabbins qui ont établi ce décompte depuis les premiers temps de l’ère Chrétienne. Ce décompte est retranscrit dans le Talmud et la Torah. Ces complexes calculs que comptent les jours, et les mois de l’an Juif sont basés sur le soleil, la lune et la nature. Les origines, les calculs et les définitions sont fastidieux, en tout cas pour moi…Elles apparaissent dans l’ancien testament, le Pentateuque. Roch Hachana, qui commémore la création de l’Homme par Dieu se fête 10 jours avant la très importante fête du grand pardon, le Yom Kippour.
La communauté Juive pratiquante est très modeste à Bastia, tout comme pour les Catholiques, les nouvelles idoles ont pris le dessus, les jeunes sont formatés à la laïcité, et c’est le cultuel qui en paye le prix. Les noyaux qui résistent sont néanmoins de qualité, ils pratiquent et sont conscients de l’importance de la pratique de la foi, pour soi-même et pour la communauté.
Dès notre arrivée à 9 heures 30, ce dimanche matin de Septembre dans le modeste centre communautaire Juif du centre de Bastia, qui fait également office de Synagogue, on me revêtait de la Kipa, qui est la calotte portée traditionnellement par les hommes juifs, et du Talit qui est un châle à quatre coins qui se porte sur les épaules. Le Talit est brodé et composé de franges à chacun de ces quatre angles, représentant métaphoriquement les quatre points cardinaux.
La pièce de prière comporte en son centre un autel de bois, sur le pan de mur côté Sud (qui est censé être en face de Jérusalem), se trouve l’arche d’alliance.
Sur une armoire de bois décorée étaient déposés les Saint rouleaux de la Thora. Le Rabbin nous précise que pour sortir les rouleaux sacrés, il doit y avoir dans l’assistance au minimum 10 fidèles pratiquants. Nous étions finalement plus d’une quinzaine. La pièce de prière est bien sûr indépendante de la pièce des agapes.
La pièce de prière est séparée en deux parties par une cloison mobile en bois qui est destinée à séparer les hommes et les femmes. Tout comme dans beaucoup d’autres religions les femmes sont plus ou moins séparées des hommes. Seuls les hommes sont à la direction et en charge des offices.
On me donnait également une Thora, très bien rédigée, avec pour chaque prières et écrits, le texte en Hébreux, puis en phonétique et en Français. Cela me permettait de suivre intégralement et de participer à cet office de Roch Hachana, qui a quand même durée plus de 3 heures. La parole circulait régulièrement et chaque officiant tour à tour lisait et récitait, sous le contrôle du Rabbin. Dans la Thora le mot Dieu est écrit D.ieu, ceci afin de ne pas le désacraliser en écrit et en diction. ( Dieu est également écrit YHWH).
Tout comme au mur des lamentations à Jérusalem, où j’ai prié avec des Juifs, le Rabbin débite à grande vitesse les mots de prières en Hébreux sans marquer de temps d’espace entre les mots…Des couplets entiers défilent sans prendre la moindre respiration. Cela est très caractéristique et impressionnant, car les paroles sont couplées et animées par des mouvements du corps qui ondule, danse, dans une frénésie propice à la transe, à l’intériorisation.
J’ai pu également observer que l’office était régulièrement ponctué çà et là, d’accolades, de rires et d’interjections diverses, qui venaient temporiser les moments de recueillements sacrés. j’ai également remarqué, à diverses reprises, que les Juifs sont très communicants, ont un sens de l’humour exacerbé et adorent la plaisanterie. On ne le dira jamais assez, le rire qui est le propre de l’homme est également avec la dérision une excellente thérapie et crée des formes de liens subtils entre les hommes.
Les femmes dans l’espace attenant étaient assez discrètes, retenant les ardeurs des enfants qui faisaient d’une pièce à l’autre des allées et venue à grands bruits.
Les prières s’accéléraient, en Français et en Hébreux. Je trouvais des similitudes avec la première lecture que nous lisons dans les messes catholiques.
D.ieu est le Roi, le Père, le tout puissant, qui honore les petits, les pauvres et les malades contre les puissants. Les prières et les rituels redoublaient d’intensité, la « température « réelle et métaphysique s’accentuait, mon voisin me demandait de me saisir de la télécommande de la climatisation qui était à côté de lui, afin que j’augmente la ventilation, je ne comprenais pas cette demande …
Kevin qui s’était rendu compte de la scène, me rassurait et m’expliquait, tout comme pendant le Chabat, que les juifs ne peuvent pas « toucher » des objets électroniques réellement indispensables. J’avais déjà entendu parler de ce rituel fort, ou les Juifs un jour par semaine, le vendredi, ne doivent se consacrer qu’a la spiritualité, leurs âmes et à D.ieu
Les priants, tels des métronomes, ondulent et enchaînent les incantations, le moment important approche, la sortie des rouleaux de la Thora de l’arche d’alliance. Toutes les conditions étaient réunies.
Est-il besoin de préciser que dans la religion Catholique on nomme l’arche d’alliance le coffre où ont été entreposées les tables de la Loi avec les dix commandements que Moïse a reçu de Dieu sur le mont Sinaï.
Depuis 2000 ans cette arche semble apparaître puis disparaître régulièrement, des différents lieux Saints.
A présent, dans un rituel bien ordonné l’arche du BETH HADA de Bastia était ouverte et les rouleaux déposés sur l’autel. Puis le Rabbin en nous regardant disait : « Ça y est ! Le ciel vient de s’ouvrir à nous ! Grande joie et allégresse mes frères ».
A présent les prières et les chants semblaient être le point culminant de cet office précédant le son du shofar qui en clôturait ce moment.
Le shofar est un instrument utilisé dans les temps anciens dans lequel on soufflait et qui était fait d’une corne de bélier. Le Rabbin Zalman Teboul sonnait encore et encore dans un rythme et une mélodie très précise.
Le son était fort, il prenait « les tripes« comme on dit, si fort que mes oreilles ne pouvaient plus en supporter la puissance, cela m’amenait à me retirer très discrètement.
Un moment après le calme revenait, je rejoignais l’assistance, le Rabin en faisant de grands gestes, nous confiait que ces sons signifiaient que c’était une façon de remercier l’année passée et augurer l’année à venir. Il nous précisait également que cette résonance est un son originel, un cri qui est au plus profond d’entre nous. Le son pur de l’âme qui est tout au long de l’année très souvent bâillonnée, et qui doit être libérée.
S’affranchir le plus souvent possible et aujourd’hui en ce jour de Roch Hachana grâce au son puissant du shofar elle pouvait s’exprimer. Le rabbin nous disait également que les écrits de la Thora, précise que les enfants et les souffrants peuvent être mis à l’écart du son du shofar, je m’éclipsais discrètement alors que le Rabbin, continuait de libérer le cri des âmes.
Il y a eu d’autres moments forts lors de cette cérémonie : la remise des rouleaux de la Thora dans l’arche d’alliance, les prières, les chants, le son du shofar, les mouvements du corps, puis tous les fidèles se rassemblant autour de l’autel central, le rabbin présentait à chaque personne les rouleaux sacrés, qu’ils devaient toucher par l’intermédiaire du Talit, qu’il portait sur ses épaules.
Dernier coup du shofar, puis le silence le plus complet. Les rouleaux pouvaient enfin retrouver leur place initiale dans l’arche d’alliance, préalablement recouvert d’un tissu sacré.
Le rabbin se retournait alors vers l’assistance, le visage en sueur, laissant apparaitre un sourire éclatant, il remerciait Dieu, le ciel, et les fidèles qui avaient eu la chance de participer à cette cérémonie.
Il était temps, après cette nourriture spirituelle, de nourrir le corps. La cérémonie était terminée. Je remerciais Kevin, Zalman Teboul et quittais tout doucement et discrètement cette assemblée.
Cette nouvelle expérience m’amenait à nouveau penser qu’au-delà des concepts et de la forme de pratique, le fond et les objectifs à atteindre se ressemblaient. Après avoir partagé ce moment, à travers cette religion qui n’était pas la mienne, je me disais qu’il y avait plus de ponts et de passerelles qui nous réunissent que de murs qui nous séparent, notamment entre religions Juive et Chrétienne.
Au niveau de l’âme nous avons la même empreinte et nous sommes faits pour le même ciel. Je disais à Kevin que les enseignants religieux, Rabbins, prêtres, curés, Imams etc.… sont et doivent sûrement être rigoureux et concentrés sur le cœur même de leurs fondements religieux, à nous, peut être, les pratiquants d’être davantage ouverts, afin de tisser entre nous les fragiles et importants liens qui nous unissent et nous ressemblent, sur lesquels nos enfants pourront, si Dieu le veut, construire encore et encore ce fragile édifice.
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Le temple protestant Bastia
Lors d’un séjour en Corse plus important que d’habitude, je décidais avec Adeline mon amie de 40 ans et fidèle de Saint Antoine, d’assister à un office protestant. Je connaissais la Pasteure Marie Odile qui célébrait régulièrement dans le temple installé dans la maison paroissiale de Pietranera, commune de Santa Maria di Lota, j’officiais également avec Marie Odile à la prison de Borgo, car elle était l’Aumônier protestant.
Rendez-vous étais pris pour la « messe soldanelle « du dimanche suivant. Chez les protestants ce qui choque de prime abord, pour nous Catholiques, ce sont leurs rituels de célébration qui se pratiquent dans des salles classiques « vides «, aucune décoration, pas de statues de Saints, pas de crucifix, aucun décorum, la simplicité par opposition à l’ostentation des églises Catholiques.
Au XVIème siècle lors de la réforme protestante initiée entre autres par Martin Luther, a remis fortement en cause les pratiques et la doctrine générale de l’église chrétienne en Europe. Il entendait avec cette réforme, cette scission de fond mettre un terme à la corruption, la dégénérescence, le faste et les dorures de l’église médiévale. En suivirent des guerres sanglantes et des divisions qui mirent des dizaines d’années avant de s’apaiser, et encore de nos jours les cendres ne sont pas froides.
C’est donc sans surprise que les temples protestants sont dépouillés, et sans signe d’ostentation. Alors, comme on dit, si sur le papier cela à l’air plutôt sympathique, avec une simplicité prédominante, qui donne sens à leurs offices, pensées et doctrine, j’avoue que cela ampute fortement le coté sacré de la cérémonie et freine l’introspection et le coté sacré d’un lieu et donc d’un office. Alors, encore une fois cela est mon ressenti et je ne juge en aucun cas mes frères Chrétiens. Peut-être suis-je habitué aux dorures des églises, aux recueillements devant des statues de Saints dans des lieux sacrés par excellence ?
La cérémonie était rythmée par des chants, les fidèles n’hésitaient pas à se déhancher et danser sur des fameux chants Gospels dont je ne connais pas grand-chose. Le sermon était simple et très beau. L’Eucharistie était également beaucoup moins chargée de symbolismes et de rituels. Pour cela Marie Odile a formé un cercle avec les fidèles, a rompu un pain qu’elle a fait tourner dans l’assistance, chacun en a pris une bouchée, puis Marie Odile a fait tourner un grand calice de Jus de raisin (pas de vin) et chacun a trempé ses lèvres.
Cette cérémonie plus courte qu’une messe classique, m’avait rempli de joie, même si les protestants ne reconnaissent pas en Marie l’icône que nous vénérons et cela également ne me convenais pas trop. L’expérience était comme toujours très intéressante et Marie Odile m’invita à la renouveler. Après l’office un apéritif convivial était proposé et nous continuâmes les échanges.